LA SCULPTURE AU TEMPS DE RODIN (seconde moitié du XIXème siècle)

Un art coûteux

Sculpter à cette époque demande des moyens importants. En effet, cette pratique artistique coûte chère : l’outillage, les matières travaillées, l’obligation de disposer d’un vaste espace pour créer et entreposer les œuvres en cours font de la sculpture un art onéreux. Les exigences matérielles de la sculpture expliquent son évolution plus lente que celle de la peinture.
Les techniques pratiquées nécessitent l’intervention de collaborateurs (praticiens, mouleurs, fondeurs, patineurs) qui participent autour de l’artiste concepteur à la réalisation finale de l’œuvre. Car le sculpteur de l’époque est essentiellement un modeleur qui, dans un premier temps réalise en terre crue ou en argile grasse (matériaux souples), une esquisse de petit format, de facture libre mais précise. C’est à partir de cette étape préliminaire rarement conservée que l’œuvre dans son modelé et format définitif est « montée » en terre crue maintenue malléable grâce à des linges humides dont on enveloppe les séances de travail. Quand l’artiste l’a considère achevée, la pièce est moulée afin d’obtenir un plâtre de forme identique et destiné au fondeur si la sculpture est coulée en bronze.
Ainsi le poids budgétaire de cet art est considérable. De nombreux artistes comme Géricault ou Daumier ont renoncé à sa pratique pour cette raison.


Les acheteurs

L’Etat et les municipalités poursuivent une politique de commandes de monuments publics et d’effigies officielles destinés à l’exaltation des Grands Hommes.
Parallèlement, une clientèle aisée s’intéresse à d’autres thèmes. Le portrait prospère sous forme de bustes ou de médaillons dont le respect de la ressemblance physique reste l’exigence essentielle. La statuette d’appartement prolifère également grâce à l’invention de procédés de réduction mécanique qui permettent de miniaturiser une statue connue aux dimensions d’un dessus de pendule. Enfin, l’art funéraire offre le reflet d’une société soucieuse de témoigner de sa personnalité, de sa réussite, voire de sa puissance familiale.

Les innovations apportées par Rodin

Rodin (1840 - 1917) apporte des solutions nouvelles aux différents types de commandes auxquels il est confronté. Il renouvelle ainsi l’image du sacrifice patriotique dans le groupe pathétique des Bourgeois de Calais ; il entre en conflit avec certains de ses modèles qui sont déconcertés par la vision que l’artiste a d’eux ; il fait du monument funéraire un monument poétique comme en atteste celui du poète Sourisseau à Amiens.
Son observation de la figure humaine engendre des effets plastiques et expressifs totalement novateurs pour lesquels il refuse les doctrines académiques alors toutes puissantes.

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